VIDÉO EN LIGNE: OM Englemann/érable ondé à grande feuille

Sixième semaine, 29 Février/1er et 2 Mars: Le sculptage des barrages

Durant la sixième semaine, une des étapes les plus importantes a été réalisée: le sculptage des barrages de table et de dos.


29 FÉVRIER 2012:
- Sculptage des barrages de dos
- Sculptage des barrages de table
- Mesurage de la flexion de la table


Une question importante s'est posée à ce moment précis de la fabrication: quelle forme vais-je donner à mes barrages? Ronde comme pour la guitare classique ou en pointe de flèche? L'avantage de cette dernière technique est d'enlever plus de matière tout en gardant une bonne rigidité. De plus, je veux essayer un maximum de technique afin de parfaire mon savoir-faire, c'était donc le meilleur choix.

J'ai commencé par sculpter les barrages de dos, Serge nous a donné des dimensions précises en ce qui concerne les becs de canards: 2 mm de hauteur et 70 mm de longueur. Pour les sculpter, j'ai utilisé mon ciseau à bois, ainsi qu'un rabot noisette pour la forme des barrages. J'ai finalisé la surface avec du papier sablé grain 600.



Et les voilà sculptés!



Vue de plus près


Maintenant, il faut savoir que beaucoup de données entrent en compte à ce moment précis de la fabrication en ce qui concerne la table:


Plus la table est lourde plus elle aura du mal à vibrer... et si elle vibre, elle aura du mal à s'arrêter. Du coup, plus la table est légère, plus la réponse à l'attaque et sa projection sera bonne. Ensuite, au niveau de la flexion, plus une table est rigide plus elle favorisera les aigus et aura des notes qui sonneront détachées. Une table d'une manouche est très rigide par exemple. Plus la flexion sera élevée, plus on aura des graves et un son smooth... mais les notes sonneront comme un ensemble, elles seront moins détachées les unes des autres.

Donc sur une guitare folk, la flexion idéale est comprise entre 0.006" et 0.010", je voulais quelque chose qui soit assez rigide, mais ayant de bonnes basses (c'est ce qui est recherché en folk contrairement aux classiques). J'avais lu que les Martin Pre-war avaient leurs barrages scalopés (ça amène bien plus de puissance à la table, de sensibilité à la guitare, c'est le must pour le jeu aux doigts, mais dans le temps elles ont tendance à se déformer). Personnellement cette guitare sera dédiée au jeu en picking donc c'est le choix idéal pour moi, mais la déformation dans le temps me rebutait quelque peu... J'ai donc abordé le sujet avec Serge qui m'a dit de sculpter mes barrages comme sur le plan et de voir ce que j'obtiendrais. Après avoir suivi ses conseils, j'ai obtenu 0.006" de flexion ce qui était bien trop élevé à mon goût. Ma seule solution était donc de scaloper mes barrages. La solution que j'ai trouvée pour limiter cette déformation serait de monter un tirant de cordes plus light que d'habitude. Il faut savoir qu'à l'époque, les guitares étaient équipées de gros tirants (12/56 pour les Gibson Les Paul de 1959).



Voici le déflexiomètre qui permet de mesurer la flexion



Voici la table avant le sculptage de la forme des barrages



La fameuse intersection du X



La table avant scalopage avec le fameux sculptage dit "en pointe de flèche"



Vu de face



Photo de famille, ils vont bien ensemble n'est-ce pas?


01 MARS 2012:
- Scalopage des barrages de table
- Nettoyage de la table
- Découpe de l'extrémité des barrages pour le futur collage sur la couronne d'éclisse
- Sablage de la couronne côté table


J'ai donc réalisé le scalopage comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous.
J'ai tout d'abord commencé par sculpter les 4 doigts, puis les deux barres du bas ce qui m'a enlevé du poids, mais très peu de rigidité (0.001")... et ce n'est qu'en sculptant le X que la flexion s'est mise à baisser drastiquement.

Une fois que le scalopage a été fait, les données sont édifiantes! Une fois scalopée, ma table a atteint une flexion de 0.0082" et un poids de 237.8 grammes (j'avais 0.006" de flexion et un poids de 252.6 grammes)... mes objectifs ont donc été atteints comme je l'espérais!

Vous pouvez voir le résultat sur les photos ci-dessous:




Et voilà, le scalopage a été réalisé






Une fois que le scalopage a été réalisé, je me suis mis à nettoyer la table à l'aide de mon petit racloir et de papier sablé à grain fin pour éviter de creuser la table, chose qui m'est arrivée sur la classique.

J'ai ensuite découpé l'extrémité des barrages afin qu'ils puissent s'imbriquer dans les contre éclisses lors du collage. J'ai utilisé mon ciseau à bois.

Enfin, j'ai sablé la couronne d'éclisse côté table sur la plaque à sabler, grain 60. Le plus difficile dans cette étape a été son côté physique. En effet, le moule pèse plusieurs kilos et le faire bouger de droite à gauche dans un mouvement circulaire n'est pas chose aisée. Afin de voir comment les choses évoluaient, j'ai passé la surface avec une mine de graphite ce qui m'a aidé à voir si je sablais bien de façon adéquate.


02 MARS 2012:
- Peaufinage

J'ai retravaillé la table pour donner à l'intersection du X une forme parfaitement symétrique et stylisée (la photo date d'hier), et j'ai nettoyé les traces de colle restantes. Vous me direz on en a rien à faire vu que c'est à l'intérieur, mais je suis un peu maniaque donc j'aime que les choses soient réalisées au maximum de ce qu'elles peuvent être. Je n'ai pas mis de photos, car j'avais oublié mon appareil, mais il n'y a pas de grande différence par rapport à avant.


Et voilà, la sixième semaine est déjà passée, à bientôt pour un nouvel article et merci pour votre lecture!

Septième et huitième semaines, 7 au 16 Mars: une catastrophe

Bon, cet article est particulièrement douloureux pour moi après tout ce qui s'est passé, même à froid... mais bon, c'est le jeu et il faut l'assumer. La lutherie est le plus beau métier du monde lorsque tout va bien mais dès que quelque chose va de travers, c'est catastrophique.

La semaine du 7 Mars, je devais coller ma couronne d'éclisse sur ma table, tout allait fort bien... jusqu'à ce que j'ajuste la couronne, apparemment très mal car cela m'a fais couper mes barres bien trop court. Du coup, impossible de les imbriquer... et comme un malheur va de pair avec un second, lorsque j'ai sablé ma couronne, le moule était défectueux (il penchait plus d'un côté) et m'a mangé plus de matière d'un bord. Pour donner une idée de la situation, j'avais 5 mm de contre éclisse d'un côté et 0.5 mm de l'autre, une catastrophe! Du coup, mes blocs de tasseaux avant et arrière n'étaient plus à 90 degrès.

Une seule solution s'offrait donc à moi: décoller les deux tasseaux et redécouper leurs extrémités a 90 degrés, virer les contre éclisses et en recoller d'autres. Je suis donc rentré chez moi, car après avoir défoncé mon verni Polyfrançais au tampon la veille, j'étais quelque peu dégoûté de la lutherie.

J'ai donc laissé passer la fin de la semaine pour me calmer l'esprit et attaquer la suivante en étant apaisé. Vous comprendrez que je n'ai pas pris la peine de prendre des photos cette semaine.


HUITIÈME SEMAINE:
- Décollage des contre-éclisses
- Décollage et refaçonnage des tasseaux avant et arrière
- Recollage de toutes ces pièces
- Sablage de la couronne
- Collage de la couronne d'éclisse à la table
- Délignage du tenon du manche
- Perçage des trous de mécanique


Bon relativisons un peu, dixit mon Prof, "ça t'apportera de l'expérience" et je dois dire qu'à l'heure actuelle je lui donne raison. Pour les trois premiers points du dessus (décollage, recollage des pièces et sablage de la couronne), c'est exactement ce que j'ai décris dans l'article précédent, donc je ne vais pas m'attarder là dessus... par contre, pour le reste, c'est différent.

Une fois que les contre-éclisses ont été collées, il faut sabler cette surface pour qu'elle soit parfaitement plane et droite. On la fait dépasser de 5 mm environ tout en la laissant dans le moule. Les blocs de serrage restent également en place et, pour éviter que ça bouge, on installe 3 serres de chaque côté. Le sablage doit se faire seulement en quelques minutes.

Une fois que cette étape est passée, il faut assembler la couronne à la table. Normalement, on creuse des petites cavités dans les contre éclisses pour que les barres du barrage s'enclavent dedans... mais dans mon cas malheureusement, avec la bourde que j'ai décrite en introduction, je n'ai pas pu réaliser cette tâche. Certains luthiers n'enclavent pas les barres mais cette erreur me laisse un goût amer car j'aurais aimé faire cette étape. Pour pallier à cette bourde, je vais venir coller des bloc aux extrémités de chaque barre qui viendront faire la jointureavec les contre-éclisses. Cela remplacera ainsi l'étape que je n'ai pas pu réaliser.

Pour le collage, je vais venir serrer aux tasseaux avec des serres en C, puis disposer 4 à 5 serres Klemsia de chaque côté. J'ai utilisé la colle 2002 GF. On laisse tout ça en serrage pendant 24 heures.

Je suis assez content de la propreté de mon travail, il n'y a pas eu beaucoup d'endroits où le surplus de colle a bavé à l'intérieur de la caisse.




La couronne d'éclisse et la table en collage



C'est collé!



Un gros plan sur le côté gauche

Une fois que cette étape a été réalisée, je me suis attaqué au tenon du bloc talon du manche à l'aide du banc de scie... et je dois dire que je stressais énormément après mon échec précédent, car non seulement le banc de scie est une des machines qui me stresse le plus, mais si on se plante, il faut refaire le manche au complet. Il a fallu mettre les côtés parfaitement à 90 degrès avec la face du manche si on voulait avoir une bonne surface référence lors du passage au banc de scie.

J'ai tout d'abord commencé par l'extrémité du talon. Pour cette étape, j'ai utilisé une cale de 1 mm afin de donner l'angle de renversement au manche. Les découpes des côtés se font sans aucune cale ou autre outil que le guide de découpe. Le plus délicat a été de positionner le manche à la verticale lord des deux découpes centrales.




Vu de haut



Vu de face

Une fois que cette étape a été faite, j'ai percé les trous des mécaniques. J'ai utilisé la perceuse à colonne munie d'un fer bras-de-pointe 10 mm. Je n'ai pas vraiment beaucoup de commentaire à faire sur ce travail si ce n'est que je craignais pour mon placage en érable. En effet, je pensais que les trous viendraient le manger de façon radicale mais ça n'a pas été le cas, je suis vraiment content. De plus, c'est mon plus beau travail de perçage jusqu'à maintenant, les trous sont très symétriques et je n'ai pas noté de dérapage incontrollé.

Comme vous pouvez le voir, ma tête va être carrée, à l'instar des vieilles martin OM (comme je vous l'avais dit, mon but est de créer une guitare qui sera l'exacte reproduction d'une Martin Auditorium d'avant guerre, donc pas de fantaisie).



Enfin percé!



Une autre vue



Et voila l'arrière de la tête


Et voila, les semaines 7 et 8 sont passées, à bientôt pour un nouvel article et merci pour votre lecture!

Article Hors série #3: ma carte d'affaire

Cet article va traiter de la carte d'affaire ainsi que de différents points importants qui m'ont permis de la réaliser:

- Le logo et ce dont je me suis inspiré pour le créer;
- Mes réflexions sur mes valeurs en tant qu'artisan;
- Le contenu de la carte d'affaire;
- Le format et le support sur lesquels je vais l'imprimer.

La carte d'affaire est un élément important dans la vie d'un artisan, d'un commercial ou même d'un patron d'entreprise. Elle va lui permettre de communiquer ses coordonnées complètes à une personne quelconque, mais également d'émettre une balise de rappel lorsque la personne qui l'a reçue la ressortira inopinément de sa poche. C'est donc un atout essentiel pour moi et il était particulièrement nécessaire de la créer avant de monter mon atelier.


1/ Le logo:

Cet élément particulier est l'essence même de mon entreprise. Il va non seulement la représenter aux yeux de ma clientèle et de mes concurrent en se glissant sur ma devanture d'atelier, mais c'est également un moyen de signer mes instruments, de les personnaliser. Lors de sa création, j'ai du réfléchir à son aspect, mais également sa signification. Je me suis inspiré de deux logos déjà existants:




logo Strymon


La lex Rotary est une pédale d'effet de la marque Strymon. C'est son "L" très stylisé "en ruban"qui m'a inspiré. J'ai beaucoup aimé ses courbes fluides et sobres, mais pour lesquelles j'ai dénoté une certaine fantaisie.




Tête d'une guitare Colling


Le second logo qui m'a marqué est celui des guitares Collings. Ce sont des répliques haut de gammes de modèles légendaires tels que Martin. J'ai trouvé que l'écriture en Italique et son mouvement vers l'avant étaient très dynamiques, chose que je recherchais pour mon logo.



Mon Logo


Mon logo maintenant. Il devait tout d'abord me représenter du mieux possible, les initiales de mon nom étaient donc la meilleure des façons de remplir ce rôle. Ensuite, il est essentiel pour moi qu'il procure quelque chose aux gens... le mouvement est donc très important, un logo qui reste amorphe n'attirera pas l'oeil. À l'instar du logo des guitares Collings, on peut voir que l'inclinaison des lettres et le mouvement vers le haut sont bien présents. La base du "B" a une forme de ruban à l'instar du logo de Strymon, ça me rappelle les ornementations des cadeaux de noël (période de fête ou le bonheur est de mise) et c'est pour moi, le meilleur rappel possible quand à la joie de recevoir quelque chose (en l'occurence un instrument de musique).


2/ Mes valeurs en tant qu'artisan:



Un artisan est, pour moi, un créateur de rêve qui va tenter d'élever son art dans des stratosphères qui n'ont jamais été explorées auparavant. Dans le même temps, il va créer des objets commandés ou non par des clients, qui vont permettre à ces derniers de s'épanouir artistiquement dans le cas de la lutherie, et de voir leur besoin visuel être rassasié (dans le cas d'une poterie). Pour ma part, en tant que futur luthier, c'est la première option qui m'intéresse. Je veux fabriquer des instruments qui vont permettre au musicien de créer la musique qu'ils ont imaginé. Non seulement leur guitare correspondra à leur critère esthétique et sonore, mais également à leur confort de jeu. Je veux pouvoir atteindre le maximum de mes possibilités dans la création de la guitare que ce soit d'un point de vue technique (choix des bois, assemblage et usinage des pièces, incrustation et finition de l'instrument) mais également sonore (même s'il est très difficile de savoir d'avance comment un instrument sonnera). Le respect des désirs de mon client est également une chose qui me préoccupe au plus haut point.


3/ Le contenu de la carte d'affaire:

Il faut tout d'abord savoir que la carte d'affaire possède deux faces: le recto et le verso. Il est donc important de bien séparer ces deux parties.

Le recto: c'est pour moi la face la plus importante, elle devra donc comporter toutes les informations essentielles de la carte d'affaire, tout en étant agencée du mieux possible afin de faciliter la compréhension de mon client potentiel. Voici les divers éléments qui apparaîtront:

- Mon slogan: l'humour est une partie importante de mon être et mon slogan le reflète.

- Les service que j'offre: C'est quand même un des points essentiels de la carte d'affaire. Sans ça, le client va automatiquement se demander quels services mon atelier peut lui offrir, ça lui économise donc une question inutile.

- Mes coordonnées: Ce sont probablement les éléments les plus importants de la carte d'affaire car sans elles, impossible de communiquer avec moi. Ce bloc est composé de mon adresse postale, de mon numéro de téléphone et de mon adresse courriel.

- Mon Logo: il représente mon entreprise, il est donc important qu'il se retrouve ici.

- Une citation connue: J'ai choisie celle de Mike Bloomfield, très grand bluesman des années 60. Je la trouve très poétique, mais son principal avantage selon moi est qu'elle peut s'appliquer au métier de luthier, mais également à celui de guitariste.



Recto


Le verso:
c'est en quelque sorte la couverture de la carte d'affaire. Elle doit être donc très épurée et ne conserver que les informations essentielles... j'ai choisi de faire apparaître mes coordonnées et rien d'autre.



Verso


Le style esthétique:
J'ai décidé de mettre une photo de ma première guitare au verso. C'est très épurée, sobre (noir et blanc) et mon logo est déjà présent (il se trouve sur l'étiquette d'intérieur de caisse de la guitare, c'est très naturel).
Pour le recto, j'ai décidé de prendre une belle photo d'érable flammé, un bois que j'affectionne tout particulièrement, et de jouer avec une ligne diagonale qui découpe la carte en deux. Ainsi, je peux ainsi diviser mes information d'une façon particulièrement efficace.

Les services que j'offre sont écrits à la verticale, cela permet de les faire ressortir et de les différencier des autres informations. Les informations sont placées selon la ligne diagonale pour la majeure partie, le logo est incorporé sur le côté inférieur droit de la carte pour ne pas empiéter sur les informations, tout en étant bien visible. D'ailleurs, les coordonnées et la citations sont alignées autour du logo en suivant la ligne d'un carré imaginaire.


4/ le format et le support de la carte d'affaire:

En ce qui concerne l'aspect de la carte, elle sera fabriquée dans un carton souple et résistant. Cela permettra à mon client de pouvoir la ranger dans sa poche facilement en la pliant, la roulant... il pourra même en faire une cocotte en papier si ça lui plaît.

J'aurais très bien pu la faire en bois mais malheureusement c'est cassant si je la fait trop fine, et il est impossible de la modeler facilement afin de la faire rentrer dans une poche.

Neuvième semaine, 21 Mars: Une semaine marquée par la grève

En raison de la grève des étudiant, le jeudi de cette semaine a vu l'école se fermer... du coup je n'ai pu travailler que le mercredi, mais ce fut une journée richement remplie en raison du nombre d'heures effectuées (plus de 10)


21 Mars 2012:
- Sculptage du talon du manche
- Façonnage de la tête
- Pose des renforts de barrage

Comme je le disais auparavant, cette journée a été riche en travail mais en plus de ça, une équipe de Radio-Canada est venue pour nous filmer, chose qui n'était pas prévue. Vous me verrez peut-être souffler sur mon manche en sculptage très prochainement (rires).

Trève de blabla et venons en au fait: le travail de cette journée. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, la couronne d'éclisse a été assemblée à la table d'harmonie, et il m'a fallu imbriquer les barres d'une façon non conventionnelle vu que je les avais coupé trop courtes... mais nous y reviendrons un peu plus tard.



Une fois le collage réalisé

Le sculptage du talon a été la première étape que j'ai faite durant cette journée. Il a fallu que j'utilise des courbes française afin de pouvoir tracer les courbes des côtés de la troisième photo ci dessous, ainsi que la forme du talon que je souhaitais. N'ayant jamais façonné de manche de guitare acoustique auparavant, trouver la forme de talon qui m'intéressais fut particuliérement délicat. Nous verrons si mon choix a été payant par la suite.



Le talon vu de profil



Le talon vu de haut



Et de face

Une fois que ce travail a été fait, il a fallu que je donne une forme à ma tête. Ce fut particulièrement rapide étant donné que je désire faire une tête Martin traditionnelle. Pour que mes bords soient bien à 90 degrès, j'ai utilisé mon rabeau bien aiguisé.



La tête une fois façonnée



La tête vu de profil



La tête vu de dos


Enfin, comme je vous l'ai dit en début d'article, je me suis attaqué à l'imbrication des taquets, petite explication:

En temps normal, lorsque l'on colle la couronne d'éclisse, les extrémités des barres du barrage viennent s'imbriquer dans les contre éclisses. Cela apporte non seulement une stabilité optimale pour le barrage, mais également une transmission des vibrations plus que satisfaisante. Étant donné que mes barres ont été coupées trop courte, je n'ai pas pu réaliser cette opération... mais je ne suis pas à court d'idées et plutôt que de laisser les choses comme ça (certes, certains luthiers n'imbriquent pas leurs barrages mais ça me causait vraiment un gros souci), j'ai décidé de simuler cette opération.

J'ai donc pris des morceaux de contre-éclisse que je suis venu coller à l'éclisse et à la barre. J'étais parti pour coller des blocs d'acajou purs, mais ça ammenait trop de poids à l'ensemble. En plus de ça, la contre-éclisse permet d'avoir une continuité avec ses soeurs, et leurs usinage me permet d'avoir une surface parfaitement à 90 degrès avec les barres et l'éclisse.

Je me suis donc contenté de couper les contre-éclisses pour obtienir une continuité avec la barre, étape qui me permettra d'avoir un "pont" sur lequel accoter les taquets.



Les emplacements pour les taquets



Et voila le travail



Vu de plus près

Comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessus, l'effet obtenu est quelque peu étrange mais ainsi, je n'ai plus d'inquiétude quand à la tenue dans le temps et la transmission des vibrations.

Et voilà, la neuvième semaine est déjà passée, à bientôt pour un nouvel article et merci pour votre lecture!

Ha merde, J'ai posté dans le désordre

Bon c'est pas grave, au moins vous pouvez voir de jolis photos et commentaires, j'espère que ça vous plaira!

Je vais préparer le dernier article dans les jours qui viennent, 3 semaines à couvrir ce n'est pas rien

pour vous faire patienter, la voila terminée (sans verni bien sûr)





Pour la greffe de l'arrachage près du chevalet, je viens de retrouver une chute de ma table avec le bon maillage du coup si c'est bien fait, ce sera quasiment invisible, je suis ultra content! En plus de ça, d'après mon coloc 3eme année en lutherie, ça jazz à l'école et les gens qui l'ont joué ou entendu ne disent que du bien de ma guitare! Je suis vraiment très heureux

Je ne peux qu'être admiratif et te féliciter car je n'ai jamais eu l'occasion de lire un reportage aussi long et aussi précis sur la fabrication de la guitare , l'utilisation des divers produits.........etc etc

Hormis la fabrication elle-même , encore fallait t-il correctement et clairement la détailler.
Je te souhaite aujourd'hui de devenir un Grand parmi les Grands

Franck

Beau travail! Un seul petit regret au niveau pédagogique, le recours systématique aux machines sophistiquées au lieu d'outils à main. Je ne suis pas contre, loin de là, mais la maîtrise des outils traditionnels (rabot, ciseaux, trusquin ...) me semble un préalable.

En tout cas, bravo pour tes réalisations!

franck83 a écrit:Je ne peux qu'être admiratif et te féliciter car je n'ai jamais eu l'occasion de lire un reportage aussi long et aussi précis sur la fabrication de la guitare , l'utilisation des divers produits.........etc etc

Hormis la fabrication elle-même , encore fallait t-il correctement et clairement la détailler.
Je te souhaite aujourd'hui de devenir un Grand parmi les Grands

Franck

Merci beaucoup Frank

Coriolan92 a écrit:Beau travail! Un seul petit regret au niveau pédagogique, le recours systématique aux machines sophistiquées au lieu d'outils à main. Je ne suis pas contre, loin de là, mais la maîtrise des outils traditionnels (rabot, ciseaux, trusquin ...) me semble un préalable.

En tout cas, bravo pour tes réalisations!

Toute notre première session est basée sur le travail des outils à la main justement, aucune machine utilisée. C'est pour un gain de temps que j'utilise les machines, c'est clair que dans mon atelier je n'aurais pas le choix de bosser à la main

Salut Ben, et un grand merci pour le partage de ce processus de fabrication.
Il est rare d'avoir accès à tant d'informations...
C'est très généreux de ta part !

Ce post est passionnant !
Une question : quelle est l'étape la plus intéressante pour toi ?

N'a-t-on pas envie parfois de brûler les étapes pour parvenir rapidement aux travaux de finition ?

Beau reportage Ben, merci pour tout le mal que tu t'es donné!
Laurent.

Merci Manu, merci Laurent, j'aime partager les choses qui me tiennent à coeur et c'est vraiment un plaisir de le faire

Alors ta question est vraiment intéressante étant donné que mon principal défault en lutherie est l'impatience, je veux aller plus vite que la musique et du coup mes erreurs proviennent de là (l'arrachage de la table en raison du décollage du chevalet en particulier)... du coup il faut vraiment que je me calme, que je prenne mon temps et celui de la réflexion sur tous les aspects technique du travail que je vais faire au moment opportun

Alors je trouve que toutes les étapes de la fabrication d'une guitare sont passionnantes, j'adore choisir les bois (lorsque je suis devant la pile de bois qui nous est proposée, j'essaye de trouver le bon compromis entre esthétique, poids et sonorité), le sculptage des barrages est vraiment génial également (c'est très reposant de sculpter le bois). J'aime bien utiliser la technique du tap tone, mon but étant d'arriver à avoir un son uniforme sur tout la surface de la table (la même note). D'ailleurs, pour la OM que je viens de finir le but a vraiment été bien atteint, je me demande d'ailleurs si son équilibre vient de là.

Mêler la tradition et l'innovation me paraît très important également, même si j'adore reproduire des instruments au poil de cul près. Ma troisième guitare a pan coupé Vénitien sera d'ailleurs très contemporaine, la voici:



Je vais aller faire un topic pour présenter le projet d'ailleurs

La pose des filets ainsi que le pliage du bois sont assez stressant, mais dans un sens ce stress est obligatoire pour ne pas prendre les choses à la légère.

Sinon le fait de brûler les étapes pour aller plus rapidement au travail de finition, ce n'est pas mon genre car non seulement ça se verra avec le verni qui agît comme une loupe sur le bois, mais ça se ressentira également au niveau sonore. Voici des échantillons que je viens de terminer pour mon cours de finition, avec un verni KTM9 à la laque à l'eau: l'Acajou a été verni au piceau et le noyer noir ondé au pistolet:







Je suis vraiment fan de la finition, elle commencera à la rentrée prochaine.

Pour la classique, je ferais les éclisses, le manche et le dos à la laque à l'eau KTM9 et la table au poly francais. Pourquoi ce choix au lieu de tout vernir au poly français? tout simplement parce que c'est ultra fragile! un coup d'ongle est c'est fini, et étant donné que ma sueur est très acide, je vais le flinguer. En plus de ça, ce qui est le plus sensible au verni est la table (elle doit vibrer le plus possible), le dos, le manche et les éclisses sont moins à prendre en compte (J'ai dis moins, pas totalement). du coup la résistance sera bien plus accru et je pourrais jouer l'instrument sans souci.

Après, je peux toujours changer d'avis et la vernir totalement au poly français mais plus le temps passe plus ça me parait être une moins bonne idée.

Je pourrais peut être faire ça pour la troisième guitare, mais la OM érable sera en full KTM 9, c'est sûr et certain

Cet article va traiter de l'application du verni poly français au tampon, et de la méthode pour l'huile. Il sera court mais il va aller à l'essentiel.


Méthode d'application d'un fini à l'huile:

1/ Préparation de la surface. Ponçage jusqu'au 220.
2/ Dépoussiérage de la pièce. Enlever la poussière avec un pinceau, un linge collant ("tack cloth"), un aspirateur ou l'air comprimé.
3/ Boucher les pores si on le désire.
4/ Poncer la surface avec du 320, 400, et finir au 600.
5/ Application du scellant. Étendre une bonne couche de scellant sur la surface avec un chiffon. Travailler sur l'équivalent du quart de la surface d'une guitare à la fois. Essuyer l'excédent avec un linge. Laisser sécher pendant 8 à 24 heures.
6/ Très léger ponçage pour enlever les petites imperfections (grain 600 ou laine d'acier 0000).
7/ Application d'huile pour bâtir le film. Procéder de la même manière que pour le scellant. Faire un léger ponçage entre les couches. Le nombre de couches nécessaires va dépendre du bois et de la façon dont l'application sera faite.
8/ Laisser sécher 1 à 2 semaines.
9/ Polissage final au papier 2500 et aux meules

ATTENTION: ÉTENDRE LES CHIFFONS POUR LES FAIRE SÉCHER ET ÉVITER QU'ILS NE S'ENFLAMMENT!


Comment préparer un verni au tampon poly-français?

1/ Préparer la surface en ponçant jusqu'au 320
2 Passer un coup de tampon avec de l'alcool seulement pour enlever toute trace de poussière
3/ Appliquer 3 couches de scellant (gomme laque+alcool)
4/ Le bouche pore se fait soit au LMI à l'eau, soit avec la technique de la pierre ponce

Bouche pore à la pierre ponce:

1/ Utiliser un tampon classique avec de la gomme, de l'alcool et de l'huile puis l'appliquer sur la surface
2/ Prendre un coton que l'on rempli de pierre ponce en poudre
3/ Saupoudrer la poudre sur la surface en secouant le tampon 2
4/ repasser avec le tampon 1 sur la poudre de manière à ce qu'une pâte se forme
5/ Boucher tous les pores

Application du fini:

1/ Remettre 3 couche de scellant sur le bouche pore
2/ Commencer par une application Gomme laque+alcool, l'huile viendra plus tard.
3/ Après quelques temps (5/10 minutes), commencer à mettre de l'huile sur le tampon
4/ Faire des huit et toute sorte de forme en repassant réguliérement sur les précédents passages
5/ Il faut à tout prix que le tampon n'accroche pas, amorcer le geste du huit avant d'entrer en contact avec la surface et ne jamais rester immobile lorsque le tampon est en contact avec le bois.
6/ Si des particules sont collées, les enlever au papier 1000
7/ Procéder par sessions de 10/15 minutes, laisser sêcher 15/20 minute entre chaque (il ne faut pas que ça colle si on passe le doigt dessus)
8/ Un "nuage qui disparait" doit se former lorsque l'on passe le tampon

Préparation de la gomme laque:

1/ Mettre 100 grames de flocons dans un pot
2/ Marquer la ligne de niveau formée par le sommet de la couche de flocons
3/ Ajouter 500 ML d'alcool dénaturé
4/ Secouer
5/ Écrire la date et l'heure du jour
6/ Laisser reposer tout en secouant le pot régulièrement
7/ Après une semaine, s'assurer que le melange est sans depot, et filtrer le tout.

Nivelage et polissage:

1/ Aller jusqu'au papier 1200
2/ Passer un linge alcoolisé légérement humide
3/ Passer aux meules. NE PAS CONFONDRE AVEC LES MEULES DESTINÉES A LA LAQUE À L'EAU

Précautions d'emploi pour le pinceau:

1/ TOUJOURS utiliser un pinceau à poil synthétique, les poils d'origine organique (renard par exemple) frisottent et sont inutilisables
2/ Mouiller le pinceau à l'eau pour qu'il soit légérement humide
3/ Le plonger dans le verni au tier de sa hauteur
-4/ Appliquer sur la surface en maintenant une légère pression pour éviter les bulles d'air
5/ Ne pas repasser la première couche qui commence à sêcher ultra rapidement, sinon tout est foutu et ça fera des marques inesthétiques au possible
-6/ Une fois que l'application est terminé, ne jamais laisser le pinceau sans l'avoir lavé! Il suffit d'une seule fois et votre outil est foutu. Le passer sous l'eau chaude en position verticale pour que l'eau pénètre au coeur des poils. Le débit de l'eau ne doit pas être très fort.
7/ Placer le pinceau dans du sopalin que l'on replie dessus.


Application du verni (pistolet ou pinceau, c'est la même chose):

1/ préparation de la surface (ponçage jusqu'au 220)
2/ Appliquer un scellant à la gomme laque+alcool, 3 couches espacées de 5 minutes chacunes.
3/ Appliquer 2 couches de bouche pore à l'eau LMI de la couleur souhaité.
Laisser sécher une heure avant ponçage entre chaque couche (grain 400)
4/ Sabler au grain 400
5/ Répéter l'étape 2
6/ Appliquer entre 4 et 6 couches de KTM9 à intervalle de 1 heure (45 minutes minimum)
7/ Laisser sêcher 5 jours
8/ Sabler au papier SCIALLAC, grain 400
9/ Répéter l'étape 6
10/ Laisser sêcher 1 semaine
11/ répéter l'étape 8
12/ Appliquer les deux couches finales de KTM9 à 1 heure d'intervalle
13/ Laisser sêcher une semaine
14/ Sablage final. plus la surface est belle, plus on peut commencer à un grain élevé.


Sablage Final:

1/ Prendre du papier sciallac, un bloc en mousse et de l'eau tiède savoneuse.
2/ Laisser tremper le papier pendant 10/15 minutes avant de l'utiliser.
3/ Ne jamais mélanger les grains des papiers dans le même bac
4/ Partir du grain 800 minimum, 1200 si la surface est belle
5/ Poncer le ligne droite ou en rond, possibilité d'y aller en oblique pour voir comment ça ponce
6/ Objectif à atteindre: disparition des points brillants.
7/ Essuyer souvent avec une guenille pour voir les progrès réalisés
8/ La pression doit être uniforme partout, faire attention aux arrêtes et aux coins!
9/ Aller jusqu'au 2500, terminer à la meule à coton.

Edifiant !
Bravo !

Excellente approche, belle analyse et bon résultat. Ce post est très interessant.
Bonne chance à toi et ne lâche rien.

Merci les gars!

Très beau travail avec beaucoup de passion , on ne peut que t'encourager dans ta démarche de luthier prometteur .
Merci pour tes articles intéressants ( plus encore pour ceux qui construisent eux mêmes leur guitare ... )

Magique...
Pourquoi je travail l'acier, moi...

Félicitations Benbenbenben, et tous mes remerciements.
Un Post passionnant, une organisation, une logique une méthodologie et sûrement une efficacité très "nord-américaines".
Amicalement. Nano

Merci Nano, Vous aurez droit à la même chose pour les deux guitares qui suivent

Je ferais aussi des posts sur l'avancée des vernis pour la session qui arrive (les 3 guitares seront en vernissage)

bon vous allez être content, la video a été faite il y a 15 minutes, le temps de trouver un lecteur de carte Mémoire pour appareil photo, de l'héberger sur tontube et je la poste

https://www.youtube.com/watch?v=3Nd8s15EfVo&feature=youtu.be

Et voila, pour récapituler c'est donc une OM érable à grande feuille de l'Ouest du Canada & Épinette Englemann, barrages en X reculé scallopé, j'espère que la video vous plaira